« Qu’ils soient sauvages, domestiques, poissons, mammifères, reptiles, insectes… les animaux sont notre nourriture, nos compagnons…
Michel Serres et Michel Polacco parlent des animaux et Michel Serres précise qu’ils rient et pleurent et peuvent nous apprendre beaucoup. »
Il y a deux facettes à toute politique, le paradigme et les moyens d’action.
Pour ce qui est du paradigme, la réflexion de Michel Serres se base sur l’idée du continuum entre individus, qui pour moi est le postulat qui me conduit à l’antispécisme. Cette perspective permet de repenser la sensibilité non comme un socle commun à tous les animaux, mais d’un point de vue réaliste en tant que progression quasi continue de l’intellect au travers de l’évolution des êtres vivants. En pratique je n’aurais pas de remords à tuer une étoile de mer pour me nourrir, pas plus qu’une pomme de terre. Mais je m’oppose à la violence envers toute chose car l’effet de la violence en elle même est négatif. Évidemment qu’il y a un égoïsme à caractériser et placer l’homme au sommet de l’évolution, quand bien même il ne s’agirait que de l’évolution de l’intellect, et par là même considérer le pécher de cannibalisme comme le summum de l’horreur. C’est la contradiction qu’il y a dans sa pensée, il confronte d’un côté la continuité inter-espèce et condamne avant tout le meurtre intraspécifique. Révélateur d’une volonté de ne pas remettre en cause nos acquis moraux et de promouvoir un retour aux méthodes traditionnelles, plus « humaines ».
C’est là qu’il y a un côté welfariste, « l’ordre des choses actuel est que lions et humains mangent de la viande il faut donc rechercher les meilleurs conditions dans lesquelles cela peut s’effectuer ». Les postulats sont biaisés d’avance… Il pourrait aller au bout de ses idées de continuum et affirmer d’un point de vue déontologiste : « il est un devoir pour l’homme de ne pas exercer de souffrances sur un être sentiant et cela implique la fin de leur exploitation »
Il existerait une troisième voie selon moi qui tout en rejetant la domination des animaux, récuserait l’idée de vivre à l’écart de la nature pour préserver les animaux « sauvages ». Car l’homme est avant tout un animal, par cela même il a un rôle à jouer dans les écosystèmes, et comme il est libre il peut jouer le rôle qu’il souhaite. C’est alors à la culture de lui insuffler les pratiques qui procurent le bien à tous, car les lois ne font au mieux que condamner les pratiques répréhensibles, elles ne donnent pas de bons exemples et n’ouvrent pas les barrières de l’imagination.
Donc j’ai trouvé qu’il y a de bons éléments très positifs car rarement évoqués dans les médias dans cet interview, même si la réflexion est avortée.
Non le truc qui m’a fait vraiment bondir sur place était dans l’introduction du journaliste : « et même que certainement notre ancêtre le plus ancien était lui même un animal » ! Quel scoop ! Ça vient de sortir ? Heureusement qu’il prend des pincettes !